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Il était une fois dans un pays de soleil et de mangues, un enfant nommé Yalad.
Yalad avait 10 ans, il aimait l'odeur de bois au crépuscule et regarder tisser; à l'ombre des arbres, des centaines de doigts minuscules.
Il aimait son village et ses visages familiers tous fendus de grandes mémoires et de grands sourires.
Il aimait l'Arbre à Palabres parce qu'il ne pouvait pas mourir et pour l'histoire que je vais vous conter.
Un jour de promenade dans la forêt, Yalad s'assoupit à ses pieds.
Quand il souleva ses paupières engourdis, il vit un tronc majestueux, fripé comme une peau de vieillard, coiffé d'un désordre de lourdes branches et de quelques feuilles en amande comme autant de bouches et de regards.
L'arbre parlait. Il racontait l'histoire d'un pays d'étoiles et de grenades et d'une fille qu'on appelait Shéhérazade.
Yalad était resté pour écouter longtemps, sans interrompre jusqu'à la fin, puis il avait dit "Merci pour le récit de ton voyage, grand Arbre à Palabres, à demain"
Depuis, il revenait tous les jours à la même heure. Et tous les soirs, l'Arbre voyageur contait ses périples du bout du monde.
Des semaines passèrent et Yalad se mit à rêver d'être un arbre et de voyager partout, de voyager tout le temps et de revenir riche d'épopée.
Un soir, il dit au tronc géant
"Arbre à palabres, emmène moi aux pays des fruits exotiques qui vit des jours et des mois entiers plongés dans la rosée. Emmène moi dans tes aventures."
L'Arbre surpris " Qui es-tu jeune homme ? ".
Yalad pensait qu'après toutes ces histoires racontées, il avait remarqué sa présence allongé sur ses racines.
Vexé, il se présenta
" Je suis Yalad, de la tribu des tisseurs, je t'écoute tous les soirs et maintenant que je suis grand, je veux partir avec toi".
L'Arbre pris de court réfléchit.
En vérité, il n'avait jamais fait de voyage, ses histoires n'étaient que mille-feuilles empilées ramenée par le vent ou empruntées à tout homme qui revenait d'un périple ou qui avait ouvert un livre.
Il savait bien que ses racines l'obligeait à la terre pour survivre. Il savait bien que plus les années passaient, plus son inertie devenait immuable.
Instant de folie.
L'Arbre se mit à y penser.
Et si ? Et si ?
Il poussa sur ses racines essayant de déloger sa nature de bois.
Yalad vit l'Arbre se débattre dans sa terre: quelque chose le retenait. Il prit peur.
" Arbre, je te vois maintenant avec tes rides de tronc et tes racines si profondes et je me dis, tu es peut-être trop vieux pour l'exil dans les milles collines. Tu voyageais mieux quand tu étais enfant. Laisse-moi aller avec un de tes enfants ".
L'Arbre reprit ses esprits et acquiesça.
"Non, petit-être,toi tu vas voyager seul et grandir et moi je vais pousser et vieillir. C'est mon rôle d'Arbre et c'est ta chance d'homme. "
Tu n'as pas besoin de moi, et tu n'as besoin de personne pour lire le monde avec tes pieds.
Puisse le voyage, te ramener chez toi riche de tout ce qui ne s'achète pas. Depuis ce jour, Yalad parcourt seul le monde à la recherche d'histoires et de fruits à ramener à l'arbre à Palabres.
Et tous les soirs, l'Arbre continue à les faire vivre pour les tisseurs du village.
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